Le 18 septembre 2025, le Russell 2000, l’indice des petites et moyennes capitalisations américaines, a atteint un nouveau record historique après près de quatre ans. Il faut remonter au 8 novembre 2021 pour retrouver l’indice à ces niveaux. Il ne s’agit pas seulement d’un fait technique, mais d’une transition qui redonne une signification symbolique importante au marché.
Pour la première fois depuis novembre 2021, les 4 principaux indices américains – S&P 500, Nasdaq 100, Dow Jones 30 et Russell 2000 – ont inscrit simultanément, lors de la même séance un record en Bourse. Cette synchronisation, absente depuis près de quatre ans, marque une sorte de réconciliation entre les différents camps de Wall Street. Ces dernières années, les investisseurs se sont massivement tournés vers les géants de la tech et de la croissance, ce qui a fait s’envoler les indices boursiers mais aussi susciter des craintes quant à une concentration excessive du marché haussier sur quelques méga capitalisations.
L’histoire récente des “small & mids caps” (petites et moyennes capitalisations) a été bien différente de celle des principaux indices. En 2022, le Russell 2000 a perdu plus de 21 %, démontrant sa vulnérabilité face à un environnement de hausse des taux d’intérêt et de durcissement des conditions financières. En 2023 (+15,1 %) et 2024 (+10 %), l’indice s’est redressé, mais sans la vigueur nécessaire pour combler l’écart avec les précédents sommets et, surtout, avec les principaux indices. Sur la même période de deux ans, le S&P 500 a progressé respectivement de +24 % et +23 %, tandis que le Nasdaq 100 a enregistré +53 % en 2023 et +25 % en 2024.
Les nombres records historiques confirment cet écart (voir graphique). Depuis le 8 novembre 2021, dernier sommet historique du Russell 2000, comme mentionné précédemment, le S&P 500 a actualisé ses records 89 fois (57 pour la seule année 2024 et 26 pour 2025), le Nasdaq 77, le Dow Jones 63 et le Nasdaq Composite 67. Le Russell 2000, en revanche, stagnait : aucun nouveau sommet depuis près de quatre ans. Il ne s’agit pas d’un simple événement marquant : c’est la fin d’un long silence.

Cycle de baisse de baisse de taux, résultats et décote
Les récents gains des petites capitalisations s’expliquent en grande partie par la montée des anticipations de baisses des taux de la Réserve fédérale, car les petites entreprises, plus dépendantes du financement par la dette, bénéficient davantage d’une réduction du coût de l’emprunt.
Dans la semaine ayant suivi l’intervention de Powell, les clients de BofA (Bank of America) ont réalisé les deuxièmes plus importants flux hebdomadaires vers les actions et ETF petites capitalisations depuis 2008, selon la banque.
Les publications de résultats des entreprises soutiennent également les petites capitalisations, selon les investisseurs. Les bénéfices du deuxième trimestre des entreprises du Russell 2000 devraient avoir progressé de 69 % par rapport à l’an dernier, selon les données LSEG IBES. Les profits trimestriels de l’indice devraient croître d’au moins 35 % lors de chacun des six prochains trimestres.
Par ailleurs, les entreprises bénéficiaires du Russell 2000 se négocient en moyenne avec une décote de 26 % par rapport au S&P 500.
Est-ce que cela est durable ?
Pourtant, l’enjeu ne se limite pas à l’actualité. La véritable question est de savoir si cette simultanéité indique une phase de normalisation du marché, avec une liquidité se propageant au-delà des grandes capitalisations habituelles, ou s’il s’agit simplement d’un effet temporaire lié aux anticipations de baisse des taux d’intérêt.
Car les pics simultanés sont rares : ils peuvent marquer le début d’une phase de croissance plus généralisée et durable, mais ils peuvent aussi coïncider avec des moments d’euphorie collective précédant des retournements.
Le graphique à long terme du ratio SPX/RTY, ou ratio entre grandes et petites capitalisations, éclaire encore davantage le contexte. Des années 1980 à aujourd’hui, la trajectoire montre une alternance de phases de domination des grandes capitalisations et de moments de rééquilibrage en faveur des petites capitalisations. Ces dix dernières années, cependant, la disproportion est devenue extrême : +58 % en faveur du S&P par rapport au Russell. Ce niveau rappelle les excès des années 1990 et témoigne de la focalisation quasi exclusive du marché sur les grandes capitalisations, délaissant les petites capitalisations. Le nouveau sommet du Russell 2000 survient donc précisément à un moment où le ratio entre grandes et petites capitalisations atteint des niveaux historiquement déséquilibrés.

Outre la dynamique macroéconomique, la composition même du Russell 2000 explique la différence. La concentration est minimale : les dix premières valeurs ne représentent que 4,9 % du total, contre 37,8 % pour le S&P 500. Le leadership sectoriel est fragmenté : les valeurs financières (17,5 %), industrielles (17,3 %) et technologiques (15,4 %) dominent l’indice, avec des contributions réparties entre les banques régionales, les biotechnologies et les logiciels.
Le meilleur contributeur de l’année est Credo Technology (+156 %), qui ne contribue toutefois qu’à hauteur de 58 points de base à la croissance de l’indice, soit environ 5 % de la performance globale. Autrement dit, la croissance du Russell 2000 repose sur la somme de nombreux petits éléments, et non sur la force d’un seul échantillon.
Le S&P 500 représente l’autre face de la médaille. La technologie représente à elle seule 33 % de l’indice, les semi-conducteurs 13 %, et les dix premières valeurs dominent près de 37 % du panier.
Le Russell 2000 devient ainsi le test décisif de la confiance américaine. C’est l’indice le plus sensible aux conditions de crédit et au coût du capital. D’un côté, le rythme de baisse des taux de la Fed, qui a repris la semaine dernière et de l’autre, la croissance économique révisée à la hausse, soutiennent la rotation vers les petites capitalisations.
La question est de maintenant : est-ce que cela peut continuer, ou n’est-ce qu’un nouvel épisode passager ? On le verra dans les prochaines semaines.
Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de quinze ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.
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