35 000 milliards $ : le chiffre qui pourrait tout changer pour les obligations long terme

La bombe à retardement des 35 000 milliards $

Les États-Unis foncent droit vers un règlement de comptes financier. Avec une dette nationale dépassant désormais les 35 000 milliards de dollars et augmentant de près de 1 000 milliards tous les 100 jours, le pays fait face à une crise budgétaire sans précédent. Les seuls paiements d’intérêts ont franchi la barre des 1 000 milliards par an, absorbant une part toujours plus importante des recettes fédérales. Le président Donald Trump pourrait proposer une solution radicale : un virage spectaculaire vers un financement à court terme, combiné à des baisses agressives des taux d’intérêt par la Réserve fédérale. Mais cette stratégie sauvera-t-elle l’Amérique de l’effondrement fiscal… ou précipitera-t-elle sa chute ?

Le piège de la dette : pourquoi les finances américaines reposent sur des bases fragiles

La crise de la dette américaine ne se résume pas au chiffre vertigineux de 35 000 milliards de dollars : elle tient aussi à la manière dont cette dette est structurée. Avec une maturité moyenne de seulement six ans, le Trésor américain doit constamment refinancer ses obligations. Dans l’environnement actuel de taux élevés, chaque opération de refinancement devient plus coûteuse, faisant grimper les charges d’intérêts vers des niveaux intenables. Le Congressional Budget Office avertit que, sans action drastique, le service de la dette pourrait bientôt dépasser les dépenses de défense, évinçant ainsi des investissements cruciaux dans les infrastructures, la santé et l’éducation.

La réponse de Trump ? Une restructuration audacieuse  et risquée  du portefeuille de dette américain.

La maturité moyenne pondérée de la dette américaine est de 72,3 mois, ce qui signifie qu’il faudrait des années pour que la majeure partie de la dette soit renouvelée à des taux potentiellement plus élevés.

Les paiements d’intérêts américains sur la dette nationale devraient bondir de 80 % d’ici 2035, passant de 1 000 milliards à 1 800 milliards de dollars par an, devenant ainsi la dépense fédérale connaissant la plus forte croissance.

Le manuel de la dette selon Trump : emprunts à court terme, pression sur la Fed et manipulation du marché

Étape 1 : Inonder le marché de dette à court terme
Le plan prévoit une forte réduction de l’émission d’obligations du Trésor à long terme (titres à 10 et 30 ans) tout en augmentant massivement la vente de bons du Trésor à court terme (échéances de 3 mois à 1 an). Objectif : éviter de s’engager sur les taux d’intérêt élevés actuels pendant des décennies.

Étape 2 : Mettre la Fed sous pression pour baisser les taux
Trump critique depuis longtemps la Réserve fédérale pour avoir maintenu des taux élevés. Il pourrait nommer des responsables de la Fed favorables à une politique monétaire accommodante, ou exercer publiquement une pression pour qu’elle réduise les taux, rendant ainsi l’emprunt à court terme moins coûteux.

Étape 3 : Faire baisser artificiellement les rendements à long terme
En réduisant l’offre d’obligations à long terme, le Trésor pourrait créer une rareté artificielle, ce qui ferait grimper les prix et baisser les rendements. L’espoir ? Que les investisseurs, privés de titres à longue échéance, acceptent des rendements plus faibles.

Avertissements historiques : quand les expériences d’endettement à court terme ont échoué

  • Amérique des années 1970 : inflation, hausse des taux et catastrophe
    Dans les années 1970, les États-Unis ont largement recours aux emprunts à court terme pour éviter les taux élevés à long terme. Mais lorsque l’inflation a explosé, la Fed dirigée par Paul Volcker a été contrainte de relever fortement les taux, ce qui a fait bondir le coût de la dette à court terme et déclenché une récession brutale.
  • Crise de la dette italienne en 2011 : un avertissement sévère
    L’Italie a autrefois financé ses déficits principalement par la dette à court terme. Lorsque la crise de la dette européenne a éclaté, les investisseurs ont refusé de refinancer les obligations arrivant à échéance, forçant Rome à accepter un sauvetage humiliant.
  • Les “décennies perdues” du Japon : le prix de l’ingénierie financière
    La banque centrale du Japon maintenait depuis des années les taux à long terme proches de zéro, mais au prix d’une stagnation économique et d’un ratio dette/PIB dépassant 260 %.

La leçon : la dette à court terme fonctionne… jusqu’à ce qu’elle ne fonctionne plus.

L’effet domino : comment cela pourrait se retourner spectaculairement

  1. La falaise du refinancement en 2027
    Si les taux remontent, refinancer des milliers de milliards de dette à court terme pourrait devenir prohibitif.
  1. Fuite des investisseurs étrangers
    La Chine, le Japon et d’autres grands détenteurs de Treasuries pourraient vendre massivement, faisant bondir les rendements.
  1. Panique des fonds de pension
    Avec moins d’obligations à long terme disponibles, les retraités pourraient subir des réductions de prestations, les fonds peinant à couvrir leurs engagements.
  1. Le dilemme impossible de la Fed
    Si l’inflation repart, la Fed devra choisir : maintenir des taux bas et laisser filer l’inflation, ou relever les taux et déclencher une crise de la dette.
  1. Le déclin du dollar
    Une perte de confiance dans la dette américaine pourrait affaiblir le dollar, alimenter l’inflation et déstabiliser davantage les marchés.

Par ailleurs, ce graphique du DXY montre que le dollar a déjà perdu 12,5 % de sa valeur depuis l’élection de Trump.

Comment envisager de trader un scénario de baisse des taux à long terme avec TLT, IEF ou TMF

Si un investisseur anticipe une possible baisse des taux d’intérêt à long terme (par exemple, en raison d’un assouplissement potentiel de la Fed, d’un ralentissement économique ou d’une modération de l’inflation), certains ETF pourraient, en théorie, offrir une exposition à ce scénario :

  • TLT (iShares 20+ Year Treasury Bond ETF) : Cet ETF réplique la performance des obligations du Trésor américain à longue échéance (20 ans et plus). En théorie, si les rendements à long terme baissent, le prix du TLT pourrait grimper sensiblement grâce à sa forte sensibilité aux variations de taux d’intérêt.

Perspective technique sur le niveau de support à long terme du TLT

En observant le graphique mensuel du TLT, on distingue un niveau de support notable autour de 84 $, qui tient depuis plus de deux décennies. Ce plancher historique pourrait servir de point de repère aux investisseurs envisageant un pari à long terme sur une baisse des taux d’intérêt américains, car :

  • Signification historique : le seuil des 84 $ a à plusieurs reprises servi de zone de retournement depuis le début des années 2000.
  • Contexte risque/rendement : un rebond hypothétique à partir de ce niveau pourrait correspondre à un scénario où les rendements à long terme atteignent un sommet avant de se retourner, compte tenu de la relation inverse entre le TLT et les taux.

Mises en garde :

  • Risque de rupture : une baisse durable sous les 84 $ pourrait invalider le schéma et signaler une tendance baissière structurelle pour les obligations.
  • Dépendance macro : même au niveau de support, la performance du TLT dépendrait des tendances inflationnistes et des décisions de politique monétaire de la Fed.

Conclusion clé : si le seuil des 84 $ peut constituer un point d’entrée technique, son efficacité dépendra probablement de la confirmation, par les conditions macroéconomiques, d’un scénario de baisse durable des taux à long terme.

  • IEF (iShares 7-10 Year Treasury Bond ETF) : Axé sur les obligations du Trésor américain à moyen terme, cet ETF pourrait être moins volatil que le TLT, tout en profitant d’une éventuelle baisse des taux.

  • TMF (Direxion Daily 20+ Year Treasury Bull 3x Shares) : En tant qu’ETF à effet de levier, le TMF vise à offrir trois fois le rendement quotidien du TLT. Cela pourrait amplifier les gains dans un contexte de baisse des taux, mais également accentuer les pertes si les taux évoluaient défavorablement.

Risques potentiels à considérer

  • Rebond des taux d’intérêt : Si les rendements à long terme augmentent de manière inattendue (en raison d’une inflation persistante ou d’une politique monétaire plus stricte de la Fed, par exemple), les ETF obligataires comme le TLT et l’IEF pourraient perdre de la valeur. La structure à effet de levier du TMF pourrait aggraver ces pertes.
  • Décroissance liée à l’effet de levier (TMF) : En raison de son mécanisme de réinitialisation quotidienne, détenir du TMF sur de longues périodes peut entraîner une érosion des performances, surtout sur des marchés volatils. Il est plutôt adapté aux stratégies de trading à court terme.
  • Sensibilité à la duration : Les obligations à plus longue échéance (comme celles du TLT) sont généralement plus sensibles aux variations de taux, ce qui peut augmenter la volatilité.
  • Mauvaise interprétation des politiques : Si le marché surestime la probabilité de baisses de taux, les prix des obligations pourraient sous-performer, voire baisser.
  • Liquidité et écarts de suivi : Si les ETF Treasuries comme TLT et IEF sont généralement liquides, les produits à effet de levier comme TMF peuvent ne pas suivre parfaitement leur indice de référence sur le long terme.

Considérations stratégiques

  • Choix des ETF : Les investisseurs doivent peser les compromis entre la relative stabilité du TLT/IEF et l’exposition amplifiée (mais plus risquée) du TMF.
  • Possibilités de couverture : Une approche plus prudente pourrait associer ces positions à des ETF inverses (comme le TMV) pour compenser d’éventuelles pertes en cas de hausse des taux.
  • Suivi macroéconomique : Les indicateurs clés tels que les données inflationnistes, les communications de la Fed et les indicateurs de croissance économique sont essentiels pour ajuster la stratégie.

En résumé, même si des ETF comme TLT, IEF ou TMF peuvent théoriquement servir à miser sur une baisse des taux à long terme, ils comportent des risques importants, notamment pour les produits à effet de levier ou à longue duration. Toute stratégie doit être accompagnée d’une évaluation rigoureuse des risques et d’un suivi constant des conditions de marché.

Le verdict : un pari risqué sans issue facile

La stratégie de Trump pourrait réduire temporairement le coût de la dette, mais elle ne traite pas la cause profonde des difficultés fiscales américaines : des dépenses incontrôlées. Pire encore, elle pourrait renforcer la fragilité financière, exposant les États-Unis à une spirale de la dette catastrophique.

  • Meilleur scénario : un répit à court terme suivi d’années de stagnation (voir le cas du Japon)
  • Pire scénario : une crise de la dette majeure qui ferait paraître celle de 2008 comme une simple secousse.

Dernière réflexion :
Le marché obligataire a tendance à punir les politiques fiscales imprudentes, comme on l’a vu récemment avec Liz Truss au Royaume-Uni. Si l’Amérique joue mal son coup, les conséquences pourraient se faire sentir pendant des générations.

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