Comment Alphabet (Google) a transformé son impasse en domination de l’IA

Il y a moins de deux ans, Wall Street semblait prêt à rédiger la nécrologie de Google. Le lancement de ChatGPT fin 2022 avait été perçu comme un « ligne rouge » à Mountain View, un moment de rupture technologique censé rendre le moteur de recherche traditionnel obsolète. La thèse des vendeurs était simple, l’IA générative allait tuer la recherche par mots-clés, et avec elle, le monopole publicitaire d’Alphabet.

Aujourd’hui, l’action Alphabet atteint de nouveaux sommets historiques. Ce revirement spectaculaire du marché n’est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d’une réalisation brutale des investisseurs, Google n’est pas la victime de l’IA, il en est l’architecte, peut-être le mieux armé.

Trois facteurs expliquent ce changement radical de psychologie de marché.

Premièrement, la résilience inattendue du « Search ». Le scénario catastrophe d’une érosion du trafic ne s’est pas matérialisé. Au contraire, Google a prouvé sa capacité à intégrer l’IA directement dans les résultats (via les AI Overviews) sans briser son modèle économique. Les derniers résultats trimestriels le prouvent, les recettes publicitaires continuent de croître solidement.

Deuxièmement, la métamorphose de Google Cloud. C’est ici que le changement de perception est le plus tangible. Longtemps troisième roue du carrosse derrière Amazon et Microsoft, Google Cloud est devenu le moteur de croissance du groupe, affichant une accélération de +35 % au dernier trimestre 2025. Pour les entreprises du monde entier cherchant à déployer l’IA, l’infrastructure de Google est devenue incontournable. Le Cloud n’est plus un centre de coûts qui dilue les marges, mais un centre de profit puissant qui justifie une revalorisation du titre.

Enfin, le marché a redécouvert l’avantage structurel de l’intégration verticale. Dans une ruée vers l’or où les pelles et les pioches (les puces informatiques) coûtent une fortune, Google possède sa propre fonderie. Grâce à ses puces propriétaires (les TPUs), développées depuis plus de dix ans, Alphabet ne dépend pas exclusivement de Nvidia. Cela lui confère un avantage concurrentiel majeur en termes de coûts et d’efficacité énergétique pour faire tourner ses modèles Gemini. Là où les concurrents voient leurs coûts d’infrastructure exploser, Google parvient à mieux maîtriser sa rentabilité. La maison-mère de Google vient même de frapper un grand coup, ou plutôt deux. Lundi 24 novembre, le site spécialisé The Information a révélé que Meta discuterait avec Alphabet pour utiliser les puces de Google (conçues par Google, optimisées par Broadcom, fabriquées par TSMC) pour l’intelligence artificielle dans ses centres de données en 2027.

Certes, selon les spécialistes, les puces de Google sont des TPU (Tensor Processing Units) et non des GPU (Graphic Processing Units) comme celles de Nividia. Elles sont donc moins puissantes et plus spécialisées que celles de Nvidia mais aussi plus efficaces d’un point de vue énergétique et financier. Par ailleurs, l’écosystème de l’IA reste majoritairement adapté aux GPU, tandis que les TPU de Google ne peuvent être utilisés que dans les centre de données du groupe de Mountain View.

La récente progression d’Alphabet en Bourse a été spectaculaire, la capitalisation boursière de la maison mère de Google frôlant les 4 000 milliards de dollars. Ce bond boursier a coïncidé avec un recul de Nvidia, dont la course aux 5 000 milliards a été stoppée.

Cette dynamique positive s’explique par deux facteurs principaux :

  1. L’investissement de Berkshire Hathaway : L’annonce de la détention par Berkshire Hathaway de 5 milliards de dollars de titres Alphabet a soutenu le cours de l’action.
  2. Le succès de Gemini 3 Pro : La sortie de cette nouvelle version du grand modèle de langage (LLM) d’Alphabet a marqué un tournant. Initialement moqué face à ChatGPT, l’assistant virtuel a vu sa nouvelle mouture être saluée par les experts. Sam Altman, le PDG d’OpenAI, a même reconnu en interne que Gemini avait rattrapé son retard, le jugeant même supérieur pour certaines tâches, d’où son injonction à ses ingénieurs de “rattraper le retard”.

L’impact de Gemini pourrait dépasser le seul écosystème Google, le LLM étant même pressenti pour intégrer la prochaine version de Siri chez Apple, attendue au printemps, selon Bloomberg.

En résumé, le marché est passé de la peur à l’euphorie. Les investisseurs ont compris qu’Alphabet dispose du triptyque gagnant : les données propriétaires (YouTube, Search), l’infrastructure (TPUs, Cloud) et le capital (plus de 100 milliards de dollars de revenus par trimestre) pour gagner la guerre de l’IA. Loin d’être un dinosaure technologique, Alphabet s’est réinventé en forteresse de l’intelligence artificielle.

Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de quinze ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.

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